Pour ce « Cet instant là », je ne suis pas allée bien loin, direction la Presqu’île et le café du Sofitel. Antonio Oliveira m’attend concentré et pour cause. Il prépare l’ouverture du très attendu Buddha Bar qui ouvrira en avril dans l’enceinte de l’Hôtel Dieu.
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas derrière un bar que je retrouve Antonio, mais sagement assis à une table, les yeux rivés sur son ordinateur. C’est qu’un sacré challenge attend le barman. A 27 ans, ce lyonnais d’adoption se voit confier la responsabilité d’un petit bar, sans prétention que personne n’attend : le Buddha bar !
Ne croyez pas que cela le stresse ou qu’il subit quelque pression que ce soit. Comme il aime à le dire : “la pression, je la mange ! “ Pas très étonnant quand on connait un peu le parcours d’Antonio. Rien n’a été fait dans l’ordre classique des choses, mais plutôt selon ses envies et toujours avec détermination et ambition.
Tout commence au Portugal, son pays natal. Antonio a seize ans et comme beaucoup de jeunes de son âge, l’école l’ennuie. Sauf qu’au lieu de la subir, il préfère la quitter pour commencer à travailler dans le milieu de la nuit.
Je ne touchais à rien au bar. Je nettoyais et c’est tout. Chez moi, j’ai commencé à essayer de reproduire des cocktails. J’étais mon seul cobaye
Il était pris ! Pris par la passion de la mixologie et des spiritueux. Comme il ne fait rien comme tout le monde, il devient propriétaire et gérant d’un restaurant avant de vraiment prendre la décision qui changera tout. Reprendre le chemin de l’école. C’est lors de son stage de fin d’étude qu’il débarque en France et au Sofitel. Il ne connait pas la ville, ne parle pas le français et doit s’adapter à une nouvelle clientèle. Il était bar manager au Portugal, il redevient un simple stagiaire en France. Déstabilisé ? Lui ? Jamais ! « Je me suis dit ok. Je sais de quoi je suis capable, un jour, je reprendrai cette place qui était la mienne. »
Le Sofitel lui propose un CDI qu’il refuse pour terminer ses études. Un léger contre temps. Il acceptera quelques mois après pour devenir premier barman. Tout le reste s’enchaîne très vite. Après s’être occupé de l’ouverture du Celest Bar, c’est désormais le Buddha Bar qui l’attend. J’ai bien essayé de savoir comment c’était passé son recrutement, impossible. J’apprendrai uniquement qu’il n’aura fallu que 30 petites minutes pour qu’il obtienne le poste.
Je ne suis pas inquiet. Je suis un requin qui a faim. J’ai confiance en moi et dans mon équipe.
Justement, dans son équipe on retrouvera une tête bien connue des amateurs de cocktails, Jimmy Cassar, qu’on connait bien chez Heure Bleue et actuellement représentant la France à la finale mondiale de Bacardi Legacy. Concours auquel a également participé, je vous le donne en mille… Antonio Oliveira ! Tout est lié ! Complotistes ? Peut-être, ou juste un vivier de talents voulant « nous faire voyager à chaque gorgée » Et il est bien là le plaisir d’Antonio, faire découvrir, partager. « Si je devais me définir, je dirai sharing is caring ». Il aurait d’ailleurs pu le faire via son autre grande passion la musique et en particulier l’opéra. Jésus Christ Superstar ou le fantôme de l’opéra (pas le bar hein) n’ont aucun secret pour lui puisqu’il a été dans une autre vie, chanteur lyrique. Personnellement, il me faut un sacré mélange avant d’avoir l’impression de chanter bien et je dis bien l’impression… Enfin voilà, Antonio. Je le quitte en ayant qu’une hâte : aller déguster un cocktail au Buddha Bar.
A ce propos, voilà le peu d’infos que j’ai réussi à lui tirer. Antonio est actuellement en train de former son « équipe d’Avengers » soit une dizaine de bartenders. Les cocktails seront d’inspiration asiatique où se mêleront des épices, plantes, herbes aromatiques. Ce sera une carte avec des produits haut de gamme qu’on ne retrouvera nul par ailleurs que dans un Buddha Bar. Le lieu recherche l’unique et la singularité. C’est pour cela que ce sera le seul Buddha Bar au monde ouvert du matin au soir tous les jours. Hormis ces quelques détails, rien ne filtrera. Dossier Top Secret.