Musique

Interview // La Fine Equipe

par Jean-Damien Dumas le 08 December 2016

Ils sont venus retourner Le Transbordeur avec la famille Nowadays en novembre dernier, et à cette occasion on a pu s’asseoir un moment avec trois des fins membres de l’équipe des fondateurs de Nowadays Records pour leur poser plein de questions : vous allez tout savoir.

oOgo : Avant de commencer, je tiens à dire qu’on ne parlera pas de politique.

Heure Bleue : Il est passé où le 4ème mousquetaire (Blanka) ?

oOgo : On a dit pas de politique (rires) ! On travaille sur des projets parallèles parfois, et en ce moment il a pas le temps de tourner avec nous, donc pour le moment, tout du moins pour les lives en dehors de Paris on fait sans lui. D’ailleurs hier on a fait une soirée surprise à Paris et on était tous ensemble.

Heure Bleue : Pour commencer et bien expliquer à nos lecteurs, vous vous êtes rencontrés comment ? Vous êtes potes depuis quand ?

Mr Gib : Depuis longtemps ! On s’est rencontré à Marseille début 2000, autour du scratch, on était un groupe à la C2C, à la Birdy Nam Nam, puis on a vite évolué vers les samplers et les machines. On est monté à Paris à la base pour faire une formation d’ingé son, avec Blanka justement, et c’est là où on a rencontré Chomsky. oOgo nous a rejoint pas longtemps après sur Paris. Et maintenant on est tous parisiens depuis une dizaine d’années.

On mate Game of Thrones nous en ce moment.

Heure Bleue : Vous avez toujours eu des influences Hip-hop, quels sont les artistes qui vous ont donné envie de vous mettre à la musique ?

oOgo : Y’en a plein, et c’est un peu différent entre nous. C’est drôle parce que A Tribe For A Quest qui était une de nos plus grosses influences commune a sorti un album vendredi, sachant que le dernier date de 18 ans ! Le producteur qui a travaillé avec eux sur la fin de l’album J Dilla c’est vraiment notre plus grosse inspiration. C’est le tronc commun. Après on a tous des variantes, mais ce qui nous réunit c’est A Tribe For A Quest, J Dilla, Madlib, un peu l’équipe Stones Throw aussi

Heure Bleue : Vous avez maté la série de Netflix, The Get Down ?

oOgo : Non pas encore, mais on m’a dit que c’était cool. Nous on aime le film qui s’appelle « Scratch », sur toute l’histoire du scratch, je me rappelle avoir vu pas mal de docus là-dessus. On mate Game of Thrones nous en ce moment (rires).

Heure Bleue : Comment vous définissez votre style ? Rien que dans la Boulangerie 3, entre Eat U, Caramel et Love For Eva, y’a une galaxie entre chaque prod !

Chomsky : Au début c’était du hip-hop instrumental, à base de samples. Depuis ça s’est un peu ouvert, on remonte vers la musique électronique au sens large avec toutes les influences qui se sont ajoutées. Il y en a qui appellent ça future-beat, beatmaking. On va dire que c’est à la croisée entre le hip-hop et l’électro.

Heure Bleue : Là je m’adresse à oOgo et Chomksy, pourquoi…

(oOgo me coupe) : Pourquoi vous êtes bons, c’est ça ? (rire général)

Heure Bleue : Pourquoi vous avez créé Hoosky ? Vous aviez besoin de faire des prods plus dark ?

oOgo : C’est vrai que c’est ça le résultat, mais c’était pas forcément le but. À l’époque on produisait beaucoup ensemble avec Chomsky, le son était différent et ça sortait du cadre du son de La Fine Equipe. On avait envie de faire ce projet ensemble et de pousser le truc plus loin. Quelques fois c’est plus facile de travailler à deux qu’en groupe et ça donnait un truc un peu plus perso. Et on avait besoin de ça. On faisait même des DJ Sets avec ce style et ce nom. C’était beaucoup plus électro, beaucoup plus house.

Chomsky : À l’époque on faisait pas mal de trucs ensemble et naturellement on s’est mis à faire de la musique ensemble, du coup on a développé le projet parce qu’on partageait énormément de choses à ce moment.

Heure Bleue : Même au niveau image, Hoosky est bien plus marqué. Le clip de « Night Town » est un peu trash.

Chomsky : Pour le coup c’est une vraie collaboration avec le mec de Kloudbox sur Bordeaux, qu’on avait rencontré avec La Fine Equipe. C’était leur premier clip d’ailleurs, celui de « Tarte Au Citron« . Et depuis, on est resté en contact, on travaille toujours avec un des réalisateurs, Antoine Besse, qui a fait des clips pour Fakear et le dernier Clément Bazin. Mais pour « Night Town » c’était la première fois qu’on faisait une vidéo aussi poussée.

On a la chance d’être avec des gars qu’on adore. Même s’ils n’étaient pas chez nous j’écouterai.

Heure Bleue : Un jeune artiste qui vous fait kiffer ou que vous aimeriez faire entrer dans NWDS ?

Chomsky : Y’a un mec qu’on a rencontré lors de tournée au Canada, qui s’appelle Robert Robert. C’est bien ouf, il a univers à lui qui est très bon, et avec qui on est super potes.

oOgo : Y’a plein de jeunes artistes qui sont bien cools en ce moment. Après on est les premiers fans des sorties sur le label. Awir Leon, on adore, Unno qui ressort un projet bientôt, Kultur qui vient d’arriver sur le label. On a la chance d’être avec des gars qu’on adore. Même s’ils n’étaient pas chez nous j’écouterai.

Heure Bleue : C’est quoi les critères pour rentrer dans la famille NWDS ?

Chomsky : C’est comme quand tu te fais un pote à l’école. Tu peux pas dire. C’est une relation qui se crée !

Mr Gib : C’est sur la route, c’est quand on sort et qu’on va voir des concerts. L’humain est super important.

oOgo : C’est à la fois la musique et l’humain qui fait qu’on va l’un vers l’autre. On cherche pas un gars en particulier, ça va pas être le gars qui nous envoie 150 mails. En général, on se connait, on s’entend, et ça se fait naturellement.

Chomsky : Quelques fois on adore la musique d’un gars, mais on peut pas travailler avec lui.

Mr Gib : C’est un peu le prolongement de La Boulangerie. On est ensemble, on fait un projet ensemble. C’est cet espèce de mélange de compils et d’albums. On a rencontré plein de gens, on a beaucoup fait de radio. On avait une émission sur le campus quand on était étudiants et c’est un peu comme ça qu’on s’est créé un réseau et qu’on a rencontré beaucoup d’artistes. Nowadays c’est la continuité naturelle de ce parcours.

Heure Bleue : Quand est-ce que vous vous êtes dit « on va faire un label » ?

Chomsky : Très vite en fait. On avait l’ambition de faire des disques. Au début on faisait de la radio, du scratch et on a commencé à produire, à faire des sons. On a sorti La Boulangerie 1 quand on est monté à Paris sur un autre label. On a enchaîné sur un autre projet qui s’appelait Fantastic Planet, avec des rappeurs et des voix et rapidement on s’est dit, ok on est capable de tout produire, autant y aller et se sentir nous-mêmes.

Mr Gib : Et puis à l’époque le beatmaking c’était un petit monde, ça parlait pas vraiment aux grands labels. On était plus libre à faire les choses nous-mêmes.

oOgo : On aurait rien sorti si on était allé avec un autre label je pense.

Chomsky : C’était les début du DIY (Do It Yourself), l’époque de Myspace, des gars qui font tout eux-mêmes.

Heure Bleue : Est-ce que vous avez profité de l’influence de C2C pour vous lancer ?

oOgo : Au début non. On a tourné avec eux, parce que c’était un petit monde. Nous, on les connaissait déjà avant même d’avoir sorti l’album parce qu’on faisait du scratch. On les a rencontré pas mal de fois, on les a croisé sur la route, c’était obligé qu’on se croise. Après ils ont explosé quand ils ont sorti leur album et on a tourné avec eux. On a fait des Zenith avec eux, on a joué ici (Au Transbordeur), et là pour le coup ça nous a vraiment aidé, parce que c’était le même public. Pour moi, ils ont ouvert la voie dans leur façon de jouer live. Ils ont popularisé le style, c’est une belle inspiration pour nous.

On travaille sur un album La Fine Equipe, mais pas de Boulangerie 4.

Heure Bleue : NWDS Records, ça prend une sacré ampleur maintenant : Un Boiler-Room quasi rien que pour vous, une famille qui grandit avec des gros noms comme Fakear, c’est quoi la next step ?

oOgo : C’est de sortir plus de France. On est déjà suivi à l’étranger, et le but c’est de continuer à collaborer avec des artistes étrangers. Un des trucs qui nous amuse le plus, c’est de faire des Nowadays Party comme on fait ce soir. On a fait une super soirée à Montréal, on va en faire une probablement en Allemagne au printemps, Londres aussi. C’est ça la next step.

Heure Bleue : Les samples de vieux films, ils sont passés où ? Est-ce qu’on va avoir le droit à une Boulangerie 4 ?

Mr Gib : On travaille sur un album La Fine Equipe, mais pas de Boulangerie 4. On sera tous les quatre, avec des featuring, on va inviter des gens. On a envie d’évoluer dans notre style, on va pas faire tout le temps la même chose. Les tracks on les produit plus, y’a plus d’arrangements, on a envie qu’elles durent plus longtemps. Et aussi on a l’expérience du live qui fait qu’on a une autre approche de la musique qu’on fait. Les outils évoluent aussi, c’est plus simple, on est tous sur les mêmes logiciels !

Oogo : Un truc qu’on aimerait faire, c’est profiter de toute l’énergie qu’il y a dans Nowadays pour la mettre dans l’album et que ça se ressente dans la production.

Heure Bleue : Vous basés où du coup ? Parce qu’il y a un moment on lisait Paris / Marseille… ?

Mr Gib : On est tous basé à Paris maintenant. Heureusement on est pas du tout branché football, ça évite les clashs (rires). Ils ont monté Nowadays, moi j’ai monté un studio d’enregistrement à Paris. Tu peux faire des choses à Paris que tu ne pourrais pas imaginer à Marseille malheureusement. Même si ça évolue dans le bon sens, culturellement Paris reste au-dessus, quand tu vois les artistes qui passent etc… C’est hyper cool, quand on sort d’un concert, si on veut faire un featuring, on va voir le gars, on lui dit qu’on a un studio à côté, et 5 minutes après on est en train de bosser. À Marseille c’est difficilement imaginable.

oOgo : Mais on y retourne régulièrement ! J’y étais hier même. On vient en vacances, on a la famille, les potes.

Heure Bleue : Vous pensez quoi de Lyon et de son public ?

oOgo : Lyon c’est là où on a fait notre tout premier concert. Pas longtemps après on avait rejoué au Ninkasi. Quand tu regardes Lyon c’est la deuxième ville qui nous suit le plus après Paris, et même avant Marseille alors qu’on est de là-bas ! Ce soir, c’est trop cool c’est notre première Nowadays Party ici, y’a eu énormément de préventes, y’a Fakear qui sera là aussi ce soir parce qu’il joue à côté à Caluire avant. Ça fait des belles réunions de famille ! Et il y a aussi notre ancienne stagiaire Fanny qui est de Lyon aussi. Bref on est trop content de revenir ici !

Merci beaucoup à La Fine Equipe de nous avoir accordé cette rencontre ! À bientôt sur Lyon 😉