Les Nuits Sonores 2020, un festival écolo ?
La musique et ses satellites dansant, depuis plusieurs années déjà, se saisissent des questions environnementales et tentent de se renouveler et de proposer des solutions durables pour continuer à faire la fête sans impacter le climat ou la biodiversité.
L’écologie s’invite dans le monde de la musique, pour notre plus grand plaisir.
Parmi les belles initiatives, citons Coldplay qui annule sa dernière tournée pour limiter la production de gaz à effet de serre et préfère attendre de trouver des solutions durables pour aller à la rencontre de son international de public. Pensons aussi aux concepts mêmes des soirées reprenant les codes fondateurs de la logique durable : réfléchir à une utilisation raisonnée, responsable et créative d’éléments disponibles dans son environnement proche.
Lorsqu’un festival a lieu dans une friche industriel, ne s’inscrit-on pas pleinement dans ces valeurs ? Pensons aussi aux artistes qui utilisent leur talent pour nous avertir, nous sensibiliser face à l’urgence. Superpoze le fait avec une élégance divine lorsqu’il signe « The importance of natural disasters ». En bref, la musique, reprend ses droits d’artiste engagée et se veut vectrice de messages, qu’elle hurle de plus en plus fort, pour que raisonne à nos oreilles cette balade quelque peu angoissante : l’heure est grave, continuons de rire et de danser, mais agissons ensemble.
« Dance To Act » , le nouvel événement de jour des Nuits Sonores, marqueur d’engagement
« Dance To Act ! », une collaboration avec le forum European Lab, un événement pour replacer la musique dans le tissu sociétal comme espace d’expression idéologique, d’émancipation des pratiques et d’organisation des luttes. Sur trois jours, différentes thématiques seront abordées sous le prisme musical. L’écologie, loin d’être en reste, se verra décerner sa journée de questionnements et de discussions : le jeudi 21 mai, ce seront donc les défis écologiques auxquels l’industrie musicale fait face, sa responsabilité et ses moyens d’actions pour enclencher des processus positifs qui seront analysés au sein du fameux triangle d’or de cette édition : H7, Hotel 71, Heat. Les cultures queer et l’impact politique de la vie nocturne, notamment dans les zones instables géopolitiquement seront abordés le vendredi et le samedi, sur les mêmes lieux.
Ce concept, cachant plus qu’une volonté d’éveiller les consciences et de susciter l’engagement de tous les côtés de l’échiquier musical, semble chercher à se saisir de l’essence même des mouvements sociaux et militants. Caractérisés par leurs expressions multiples, organisations aux facettes chatoyantes et incarnations marquées par la diversité, c’est un modèle polymorphe et multi-support qui est proposé : musique, danse, discussion, live, ateliers, projections et débats se juxtaposeront pour finalement former un caléidoscope du militantisme. Les Nuits Sonores nous proposent leur interprétation artistique de l’engagement et ça promet d’être renversant !
Le forum European Lab, émulateur d’idées artistiques novatrices fête ses 10 ans pour cette édition. Connecteur de talents musicaux, d’artistes en tout genre, d’activistes et de penseurs, cet anniversaire laisse présager d’autres temps forts engagés, pour l’écologie mais aussi pleins d’autres luttes essentielles à la construction d’une société durable et intersectionnelle.
Arty Farty, organisateurs des Nuits Sonores, une association engagée
Depuis 20 ans, Arty Farty s’engage pour faire de la scène culturelle lyonnaise et internationale un espace ouvert et accueillant pour tous : artistes émergents, étonnants, loufoques et ventriloques, publics polymorphes, multicolores, saupoudrés de paillettes et aspergés de bières, techniciens, serveurs, agents de sécurités, ingénieurs et programmateurs talentueux et passionnés. Arty Farty, c’est aussi une association qui, en 2020, a inscrit en son sein un nouveau mantra, une ambition qui, ondoyante, revient sans cesse murmurer à leurs oreilles avant tout choix, tout projet : la transmission.
Devant les grands défis de notre époque, dont le climat est sans doute le plus important, l’équipe, à juste titre, se propose de transmettre ses expériences pour armer les générations qui commencent à peine à se remonter les manches et favoriser le collectif. Ces initiatives, mettant le doigt sur l’essentiel : la collaboration et la mutualisation sont indispensables dans la construction d’imaginaires souhaitables pour notre futur commun ; si nous ne décidons pas de nous engager tous ensemble, nous ne parviendrons pas à relever la barre devenue un tout petit point que nous nous sommes fixés.
Crédit photo : Marion Bornaz